Nous dînerons en français de Albena Dimitrova – 68 Premières fois

Publié le: Sep 16 2015 by Anita Coppet

thComment parler d’un livre qui vous attrape, vous enlace, revient vous chercher dès qu’on le quitte. Le roman de Albena Dimitrova m’a touchée de cette manière. La séduction a commencé avec le rythme de ses phrases. Elle parle d’ailleurs de musique dans son prologue. Est-ce pour cela que ces mots s’écoutent comme des notes ? Pourtant l’auteur est Bulgare, mais a choisi le français dont elle se sert avec maestria. Son récit résonne aussi de gammes de couleurs tirant vers les gris de la vie et qui pourraient facilement virer au sombre, s’il n’y avait ce bel amour dont elle parle.

La rencontre de Guéo et Alba est liée aux hasards du corps. Tout a commencé à l’hôpital du gouvernement. Lui, un homme mûr de cinquante-cinq ans est en soin à l’étage des membres du Politburo, dont il fait partie. Il est en soin et au travail car dans sa belle chambre au bureau ministériel il tente de rédiger un rapport important. Elle, Alba dix-sept ans, est affligée d’une jambe qui se paralyse peu à peu et n’est pas issue des hautes sphères. Mais son mal étrange lui vaut cette attention particulière. Voilà pour les présentations de deux êtres que tout apparemment sépare. Non seulement le statut social, mais surtout l’âge. Décrire une passion de la sorte est souvent périlleux. Albena Dimitrova se sort de tous les pièges avec grâce. Elle fait aimer ce couple, le rend mystérieusement érotique. Pourtant, rien d’inconvenant. Mais une sensualité singulière, à travers un français pratiqué comme on danse. En toile de fond, les dernières années du communisme avant la chute du mur de Berlin, dans une Bulgarie sous surveillance. A la fin du roman, le rapport de Guéo, plaidoyer contre les abus d’un régime politique et mise en garde face aux chants des sirènes d’une future société néo-libérale.

Nous dînerons en Français de Albena Dimitrova (Galaade) fait partie des 68 Premières fois, projet initié par Charlotte Milandri dite l’insatiable Charlotte, auquel notre atelier d’écriture en ligne a la chance de participer.

Soumettre le commentaire

*

*