Leçon d’écriture avec Thomas Pynchon

Publié le: Mai 28 2013 by Anita Coppet

Certains auteurs reviennent sur leur œuvre de jeunesse et la commente avec humilité. C’est le cas de Thomas Pynchon, considéré comme l’un des plus grands écrivains américains mais plus connu pour ne jamais apparaître en publique que le contraire. En cela l’homme est déjà intéressant. Cet anti people notoire fait en effet partie d’une catégorie assez rare où la notoriété est le fait de ce que l’on a à dire et d’un style. Dans L’homme qui apprenait lentement, il se livre donc à un exercice que le lecteur appréciera, et revient sur cinq nouvelles écrites avant V. son premier grand succès (1963). Pourquoi commenter ses premiers écrits ? Pynchon l’explique très clairement : « Ma première réaction, en relisant ces nouvelles fut de m’écrier : « Oh mon Dieu », avec tous ces symptômes physiques sur lesquels nous ne nous attarderons pas. Ma seconde idée fut en quelque sorte d’essayer de replâtrer le tout. Ces deux impulsions ont fait place à cette sorte de tranquillité que ressent l’âge mûr : c’est ainsi que je prétends contempler d’un œil calme les efforts du débutant que j’étais alors. Je veux dire, je ne peux tout de même pas flanquer ce garçon à la porte de mon existence. Et puis, si, grâce à quelque technique encore inimaginable aujourd’hui, je me trouvais nez à nez avec lui, je serais ravi de lui prêter de l’argent, ou de l’entraîner jusqu’au bistrot du coin, pour parler du bon vieux temps devant un demi. » Présentées dans l’ordre où elles  ont été écrites entre 1958 et 1964, ces nouvelles que Pynchon nous incite à voir comme des péchés de jeunesse, contiennent déjà les prémisses de son style, cette manière de tisser les fils entre des personnages, des actions et des situations. En revenant sur chacune d’elles, l’écrivain commente aussi cette formidable période de la Beat Generation où le rock et la littérature commençaient à secouer l’Amérique. « J’espère néanmoins que ces nouvelles, prétentieuses, ou un peu cruches ou mal fichues à l’occasion, pourront, avec leurs défauts intacts, servir d’exemples pour l’étude des ouvrages de fiction au niveau élémentaire. Elles pourront également montrer aux jeunes écrivains ce qu’il convient d’éviter. » annonce-t-il. Une leçon d’écriture en sorte. Il ne faut pas s’en priver.

2 Comments to “Leçon d’écriture avec Thomas Pynchon”

  1. Stéphanie Leroux dit :

    Bonjour,

    Je suis étonnée de voir un texte à propos de Thomas Pynchon illustré de la photographie du poète Beat Gary Snyder.

    Au plaisir
    Stéphanie Leroux

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