Wilt de Tom Sharpe, condensé d’humour british

Publié le: Oct 21 2013 by Anita Coppet

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« Chaque fois qu’Henry promenait son chien ou, pour être précis, chaque fois que son chien l’emmenait promener ou, pour être exact, chaque fois que Mrs Wilt leur enjoignait de débarrasser le plancher car c’était l’heure de ses exercices de yoga, il suivait invariablement le même chemin. Le chien le prenait docilement, et Wilt suivait le chien. Ils descendaient la rue, tournaient devant le bureau de poste, traversaient le terrain de jeu et passaient sous la ligne de chemin de fer pour arriver au sentier qui longeait la rivière. » Ainsi commence le magistral Wilt 1 de l’Anglais Tom Sharpe. Un remède à tous les jours gris où l’on se lève d’humeur maussade, un anti dote à l’ennui, à la mélancolie et un véritable plaidoyer sur le thème de : inutile d’aimer votre prochain, il s’en fout. Condensé d’humour british, Wilt devrait être remboursé par la sécurité sociale, et même si l’histoire est parfaitement immorale on devrait en parler dans les écoles, les facs, les administrations, les Carrefour, les Mac Do et d’une manière générale dans tous les lieux où l’homme est un loup pour l’homme. Car Wilt c’est l’apologie de l’homo sapiens ordinaire et de sa créativité quand il se voit acculé par la bêtise ambiante. C’est évidemment un portrait de notre société, à l’acide. A lire sans modération.Et pour vous donner encore un petit aperçu voici la suite : « (…) C’était à peu près le seul moment de la promenade où il montrait un intérêt quelconque pour le monde extérieur. Le reste du temps Wilt suivait un itinéraire tout intérieur qui l’entraînait à mille lieues de son parcours apparent. Comme en un voyage mystique, voire même initiatique, il arpentait interminablement les chemins bien balisés qui menaient à la disparition de Mrs Wilt, à la richesse, au pouvoir, aux décisions qu’il prendrait quand il serait nommé ministre de l’Éducation ou, mieux encore, Premier ministre…Expédients misérables qu’il ressassait en de silencieux dialogues avec lui-même. Si un passant avait prêté attention à Wilt (ce qui n’arrivait jamais), il aurait pu voir ses lèvres remuer et sa bouche se tordre, parfois, en ce qu’il imaginait complaisamment être un sourire sardonique à la Richard Widmark. »

Pour information, ce livre réjouissant qui n’a pas pris une ride a été écrit en 1976. Finalement rien ne change.

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